Mes animaux, mes piliers
Dédicace à toutes ces boules de poils qui changent nos vies.
Donner sa confiance, aimer, partager... Autant de choses qui deviennent des épreuves lorsqu’on a trop souvent été déçu. Pourtant, mes animaux ont su garder en moi cette lumière vacillante, cet instinct du lien qui aurait pu s’éteindre. Deux âmes de velours, entrées dans ma vie à des moments différents, mais chacune au bon moment.
J’ai connu la douleur, celle qui vous arrache un pan de l’âme, celle qu’on ne souhaiterait pas même à son pire ennemi. J’ai perdu des plumes, et une personne qu’on ne devrait jamais perdre si tôt. J’aurais pu m’enfermer dans la tour froide de la solitude, avec des raisons plus que légitimes. Mais ils étaient là, et chacun d’eux a su me garder dans la lumière.
Mon chat, le premier. Douze ans qu’il partage ma vie, et pourtant, je me souviens encore du premier instant. Il a su m’aimer quand moi-même je n’en étais plus capable, me rassurer lorsque le lendemain me terrifiait. Perdre un père du jour au lendemain, à vingt et un ans, c’est trop tôt. Il a été là, silencieux mais présent, à l’écoute de mes peines et de mes doutes, gardien de mes secrets. Il a été le premier à me faire sourire à nouveau, à me redonner le goût du rire. Il m’a apprivoisée sans un mot, car parfois, les paroles des autres, même pleines d’amour, ne sont pas celles dont on a besoin. Il est mon ombre, mon gardien, mon compagnon d’écriture dans ce bureau devenu son royaume. Il ne se fait doux qu’avec moi, tolère les autres sans grande conviction, et c’est peut-être ce qui rend notre lien si précieux. Il accepte modérément les neveux et les nièces malgré leur “Wawa”, son diminutif lancé chaleureusement qui souvent précède une déception face à la disparition du concerné. Il m’a appris que tout ne disparaît pas du jour au lendemain, qu’une présence fidèle est un ancrage. Il attend patiemment mon retour de voyage, se fait discret dans mes jours plus gris que son pelage. S’il a vieilli, moi aussi. Je le vois aux siestes plus longues, aux jeux plus rares, à cet amour grandissant pour la chaleur du soleil. Alors je cède volontiers à ses caprices, avec cette tendresse teintée d’une pointe de mélancolie. Il est toujours là, confident des silences qui n’ont pas besoin d’être brisés.
Puis est venu mon chien, Weasley, un golden retriever aux yeux pleins d’innocence et de maladresse. Un choix plus contraignant, plus épuisant aussi, surtout en le prenant chiot. Il est entré dans ma vie cinq ans après mon chat, à l’initiative de mon compagnon qui avait toujours rêvé d’un chien. Il est arrivé dans une période de transformation, un tournant après des années mises en suspens par l’égoïsme d’une personne aujourd’hui absente de ma vie. J’étais distante, marquée par la déception, la colère et la solitude. Mais lui ne s’est pas soucié de ces murs que j’avais érigés. Il avait besoin de moi, et c’est ainsi qu’il m’a doucement ramenée à la vie, simplement, honnêtement. Je n’ai pas retrouvé foi en l’humain après ces blessures, mais mon cœur, lui, ne s’est pas endurci. Je suis d’une nature introvertie, casanière, timide. Mais grâce à lui, je sors davantage, à la fois par contrainte et par plaisir. Les balades sont devenues un rituel, une échappée douce qui nous fait du bien à tous les deux finalement et dont je peine à me passer. Il est une présence réconfortante et loyale, un véritable soutien émotionnel. Il me suit partout, et à travers lui, le monde s’ouvre un peu plus. Il crée des liens, des instants suspendus, ces petits partages simples avec des inconnus ou de têtes que l’ont fini par connaitre, et qui rappellent combien un sourire échangé peut illuminer une journée.
Ils sont mes compagnons de vie, mes enfants d’une autre nature. Ne souhaitant pas d’enfant, ils sont ceux que j’ai vus grandir, que j’ai éduqués, soignés, veillés lors de nuits d’inquiétude. Ils ne sont pas de simples présences dans le décor de ma vie, mais des âmes liées à la mienne. Ils ont leurs habitudes calquées sur les miennes, leurs caprices auxquels je cède, leur intuition fine qui devine mon état d’âme. Ils savent quand je vacille, quand j’ai besoin d’eux, quand il faut être proches et quand il faut me laisser respirer. Ils n’ont jamais eu besoin de mots pour me comprendre, jamais eu besoin que je justifie mon existence ou mes ambitions. Ils ne me mesurent ni à mes succès ni à mes échecs. Juste à moi.
Et un jour, ma maison résonnera de leur absence. Je le sais. Je m’y prépare, sans jamais l’accepter vraiment. Ils ne sont pas éternels, et le deuil viendra à nouveau frapper à ma porte. Les larmes couleront, la peine m’étreindra. Mais pour tout ce qu’ils m’ont offert, je promets de chérir encore plus la lumière, les silences et les souvenirs. Je ne pourrai plus jamais manger une madeleine sans sourire, ni m’asseoir dans mon fauteuil sans attendre quelques secondes, comme si un fantôme de douceur allait s’y lover avant d’ouvrir mon livre.
À vous, mon ombre et ma lumière, qui ne lirez jamais ces mots, merci. Pour tout. ❤️
Comme le dit si bien la chanson:
“You've got a friend in me
You've got a friend in me
When the road looks rough ahead
And you're miles and miles from your nice warm bed
Just remember what your old pal said
Boy, you've got a friend in me
Yeah, you've got a friend in me”
Magnifique texte 🥹🫶🏼